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La dette symbolique. Thérapies traditionnelles et psychanalyse
décembre 1, 2015 @ 9:00 pm - 11:00 pm
Pour notre soirée du mardi 1 décembre nous accueillerons l’auteur de “La dette symbolique. Thérapies traditionnelles et psychanalyse, Epel, 2014, de Charles-Henry Pradelles de Latour.
Situons les enjeux qui surgissent lors que la psychanalyse et l’anthropologie croisent le chemin de l’interprétation et des mythes et du réel.
Il s’agit rien de moins que de la conception que l’on se fait de l’univers symbolique, de ses lois, de comment celles ci opèrent dans la subjectivité humaine et, comment la sexualité humaine est marquée par cette interaction. Néanmoins la psychanalyse et l’anthropologie, bien que la première ait été influencée grandement par la seconde et que parfois la réciproque soit aussi vraie , n’ont pas le même point de vue sur ces questions cruciales. Diana Kamienny
Laurie Laufer, Psychanalyste, professeure de psychopathologie clinique à l’université Paris Diderot, et Richard Rechtman, Psychiatre et anthropologue, Directeur d’études à l’EHESS assureront le dialogue et la discussion de l’ouvrage
Voici sa présentation de l’ouvrage faite par l’auteur :
“Il n’est pas rare qu’après avoir été publié, un événement inattendu vienne changer partiellement l’interprétation d’un livre. Ainsi en a-t-il été pour La dette symbolique. Thérapies traditionnelles et psychanalyse, lorsque j’ai lu le livre de Barbara Cassin,Jacques le sophiste. Lacan, logos et psychanalyse, Epel, 2012, ouvrage dans lequel l’auteur montre que, chez les anciens Grecs, une coupure, oubliée de nos jours, séparait le discours des philosophes de celui des sophistes. Le premier, dit discours apodictique, a pour fonction de définir la vérité comme préalable à la connaissance et à l’action, tandis que le second soutient que, lorsqu’elle a été prononcée, la vérité qui apparaît après le dire fait acte, opère une séparation. Cette opposition est en fait toujours d’actualité si on admet que le discours apodictique est au principe de la logique courante de l’action – une cause engendrant un effet –, qui sous-tend la connaissance en général, la morale et la vie publique ; et le discours épidictique celui qui fonde l’efficience de la cure psychanalytique. Ce n’est que lorsque la « vérité » est dite que sa cause se fait jour de façon inattendue et que, du même coup, elle se dissout de façon thérapeutique.
Dans les sociétés traditionnelles, où j’ai mené une enquête ethnologique, cette opposition entre les deux types de discours existe aussi. Le discours apodictique est l’apanage du mythe qui contient en lui-même sa vérité, et le discours épidictique celui qui est au fondement des croyances et de leur envers, les blagues. Ce n’est que dans l’après-coup d’un sacrifice ou d’un rite propitiatoire effectué que sa validité se vérifie ou non. Mais, le discours épidictique est aussi au principe des plaisanteries et des relations entre alliés, dont la vérité donnée dans l’après-coup solde une séparation généralement dénotée par une perte de sens ou une dette symbolique, une redevance sans contenu. Les effets de désaliénation de ces manques sont exploités par les guérisseurs traditionnels, lesquels, à l’instar des psychanalystes, jouent sur un changement de discours, passage de l’apodictique à l’épidictique et des croyances à l’absence de croyance”