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Introduction

Ce cycle est destiné à étudier les phénomènes d’influence des langues et cultures dans la formation des théories et des pratiques psychanalytiques. Dès l’origine la psychanalyse est transculturelle ou multiculturelle. La langue, matériau sur lequel la psychanalyse travaille, se trouve être aussi véhicule de particularités théoriques et cliniques. La langue anglaise ainsi que la langue espagnole ont contribué par l’intermédiaire des auteurs mais aussi par les particularités géopolitiques où la psychanalyse s’est implantée, à façonner une discipline qui dès l’origine participe des mouvements de globalisation que l’histoire a répertorié. Les importants effets de la mondialisation arrêtée par la grande guerre ont été le nid d’échanges et diffusion de la psychanalyse. La seconde guerre et les persécutions nazies dont la psychanalyse a fait l’objet, a été à l’origine d’un mouvement migratoire des psychanalystes eux mêmes. Pour certains, le destin a été les États-Unis d’Amérique et l’Amérique latine. Freud, on le sait, a quitté Vienne pour vivre la dernière année de sa vie à Londres . Que peut-on isoler dans les productions latino-américaines, de cette rencontre entre la théorie psychanalytique et la langue espagnole et les différentes cultures latines ? Que peut-on déduire de l’immense influence de la psychanalyse lacanienne dans les pays hispanophones? Est ce que cette implantation de la psychanalyse transmise par Jacques Lacan et la diffusion de son oeuvre en Amérique Latine a une influence dans la pratique et théorie chez les psychanalystes français et européens? Nos auteurs invités viendront nous parler de leurs œuvres et leurs pratiques dans cette perspective, sans exclure l’influence d’autres langues comme le grec si présent dans l’oeuvre de Lacan, le chinois, le japonais sans doute d’autres encore, dans l’oeuvre et la pratique psychanalytiques.

Il y a chez Lacan un usage sui généris des auteurs, par exemple les philosophes. Sa lecture pour certains d’entre eux, est originale et novatrice. Imaginons-nous la lecture de Lacan de la même manière que Platon parle par la bouche de Socrate dans son Ménexène ? Les autres peuples de même langue ? Qui sont-ils ? Avec qui parle-t-on la même langue? Lacan supposait un savoir aux grecs. Il considère que sur Dieu, dans le choix du signifiant Theo pour le dieu biblique, les grecs étaient plus proches que le christianisme avec le choix de l’« être suprême ». Dans cette zone si vaste du transfert de Lacan aux grecs, une question s’impose : parlait-t-il la langue des sophistes? Pour quoi laisse-t-il tant de mots grecs dans la langue originale et sans traduction? Annonce-t-il ainsi, ce que les “translation studies” saisissent aujourd’hui comme la richesse de la traduction, ce qui a été approfondie par Barbara Cassin dans le travail collectif sous sa direction intitulé : Vocabulaire Européen des Philosophies. Dictionnaire des Intraduisibles (Seuil – Le Robert, 2004) .

La publication des textes est ouverte dans le site de ” Psychanalyse et Transferts Culturels”, sous réserve de sa pertinence dans l’ensemble de préoccupations que ce cycle se propose d’étudier.

Diana Kamienny Boczkowski